Le « GOAT », débat sans fin à la pertinence contestable «[…]En signant une retentissante victoire contre Novak Djokovic en finale du tournoi de Roland-Garros, Nadal n’a pas seulement soulevé la coupe des Mousquetaires pour la treizième fois de sa carrière. Il a aussi et surtout égalé Roger Federer, jusque-là seul recordman du nombre de titres remportés en Grand Chelem (20). Le sempiternel débat autour du « GOAT » s’est retrouvé relancé par la disparition de cet avantage absolu du Suisse.
Attention aux jugements prématurés D’abord, Rafael Nadal et Roger Federer n’ont tout simplement pas encore fini d’écrire leur histoire. D’ici un an, la situation aura potentiellement évolué. L’un et/ou l’autre auront peut-être décroché une 21e couronne majeure, ce qui affectera forcément la lecture que l’on pourra faire de leurs carrières. Sans oublier que Novak Djokovic, qui talonne les deux légendes précitées de près (17 Grands Chelems remportés) et n’a « que » 33 ans, va peut-être aller plus loin encore.
En d’autres termes, afin de juger au mieux le parcours d’un champion, il est préférable d’attendre qu’il ait pris sa retraite. Federer a ainsi repoussé les limites de la longévité en remporté son dernier titre du Grand Chelem (à ce jour) à 37 ans, à l’Open d’Australie 2018. Ce qui laisse présager d’autres titres à venir pour Nadal (34 ans), dont la domination sur terre battue ne se dément toujours pas, et Djokovic (33 ans), qui réduit l’écart avec ses deux aînés depuis une décennie tout en régnant sur le tennis mondial quasi sans partage depuis trois ans […] Par ailleurs, restreindre le choix à seulement trois options (Nadal, Federer et Djokovic) revient à faire bien peu de cas de tous les autres joueurs qui, au cours des décennies passées, ont également laissé leur empreinte, sans gagner autant de Grands Chelems. C’est là un autre écueil de tous ces débats relatifs au fameux « GOAT » : se focaliser sur les joueurs de notre temps, se laisser happer par la culture de l’instant […]
Se demander qui est le « GOAT », c’est aboutir à des comparaisons prématurées, biaisées, peu crédibles et, en définitive, guère pertinentes. Parce que de cette manière, en prenant de la hauteur et le temps de réfléchir, nous pouvons mieux discerner l’ampleur de la trace qu’un champion a pu laisser dans l’histoire, d’une discipline en particulier et du sport en général.
Surtout, il convient de relativiser. Chaque fan de tennis a son propre avis sur la question, et s’il est acquis, par exemple, que Rafael Nadal, avec ses 13 victoires […] est le plus grand joueur à avoir joué sur terre battue, aucune donnée ne permet à ce jour de déterminer un « GOAT » universel du tennis. Et c’est bien mieux ainsi1».
1 Brosse, Raphaël. «Nadal, Federer, Djokovic ou un autre? Le «Goat», débat sans fin à la pertinence contestable». Tennis Majors. Consulté le 27 novembre 2020. https://www.tennismajors.com/fr/nos-articles/analyses-nos-articles/nadal-ou-federer-le-goat-debat-sans-fin-a-la-pertinence-contestable-298308.html